• 18. Portrait de famille

    Une odeur festive s'échappait du salon quand Salomé entra dans le vestibule et referma la porte derrière elle d'un claquement sec. Les uns parlaient fort, les autres trinquaient à la santé d'une nouvelle vie loin de la capitale. Sûrement les nouveaux propriétaires, pensa Salomé en retirant ses chaussures. Encore troublée par sa rencontre avec Corentin le matin même elle voulut s’absenter pour aller travailler au calme dans sa chambre mais c'était sans compter sur sa mère qui la héla depuis le canapé:
    - Voyons chérie, tu ne viens pas dire bonjour à nos invités?
    Gênée l'intéressée se sentit obligée de venir à la rencontre de Clémence et Roland pour les saluer poliment. Quelle ne fut pas sa stupéfaction quand Clémence se leva d'un bond avec un sourire avenant aux lèvres pour lui serrer la main:
    - Comme tu as grandi Salomé, tu te souviens de nous? Tu étais haute comme trois pommes la dernière fois qu'on s'est vus!
    Déconcertée Salomé ne put s'empêcher d'afficher une moue dubitative. Sa mère la fusilla du regard, outrée par son impolitesse. La jeune fille se contenta d'hausser les épaules:
    - J'étais sans doute trop jeune pour m'en souvenir, je suis désolée. Ravie de vous rencontrer en tous cas.
    - Tu peux me tutoyer si tu le souhaites, après tout on est voisins à compter d'aujourd'hui!
    Salomé jeta un regard en coin à sa mère qui secoua la tête. Elle prit place à la droite de son père et demanda à boire un verre de limonade tandis qu'elle observait avec attention ce qui se tramait autour d'elle. Clémence était d'un naturel extraverti déconcertant. Au contraire Roland affichait une attitude réservée, avare en démonstrations émotives. Clémence arbora un large sourire tout au long de la soirée sous l'oeil vigilant de son époux qui parla économie et architecture avec Xavier tandis que les femmes discutaient littérature. Salomé se sentit mal à l'aise, mise à l'écart bien que conviée aux festivités. Puis vint l'heure des embrassades à l’heure de vaquer à ses occupations respectives. Au moment de franchir le pas de la porte, Clémence décocha un clin d'oeil à Salomé:
    - Alors il paraît que tu t'es inscrite en fac de droit? Il va falloir travailler sérieusement, pas comme ce feignant qui ne pouvait pas venir ce soir sous prétexte d’aller étudier chez un copain. Je n'y crois pas une seule seconde venant de lui!
    - Je ne peux qu'acquiescer, j'ai déjà un emploi du temps chargé jusqu'à la Toussaint, je vais faire de mon mieux pour démarrer du bon pied ...
    - Fais attention à ne pas te faire rattraper par le temps, les examens arrivent presque trop vite à mon goût! Vous n'êtes pas préparés à affronter les exercices juridiques en un semestre alors que vous sortez à peine du lycée!
    - Souviens toi, ils commencent par étudier la méthode du commentaire du texte, intervint Roland en tendant à Clémence son sac à main.
    - Ah oui c'est vrai! Bon courage en tous cas, la partie n'est pas gagnée d'avance et le jeu en vaut la chandelle! Au plaisir de te revoir, on a du temps à rattraper!
    Sonnée Salomé les regarda s'éloigner le long du trottoir en direction du boulevard. Leia referma la porte et verrouilla le battant avant de faire volte-face:
    - Tu n'as pas décroché un mot de la soirée! Il a fallu que Clémence te questionne sur tes études pour que tu finisses par en parler!
    - Si seulement j'avais des choses à raconter ... Au fait qui sont ils?
    - Décidément Salomé, tu n’es pas très physionomiste, lui reprocha sa mère. Certes ça fait longtemps qu'on ne s'était pas revus, mais tu aurais pu faire un effort de mémoire!
    - Comme je l'ai dit, j'étais sans doute trop petite à l'époque pour m'en souvenir ...
    Leia frappa dans ses mains:
    - Leurs enfants et toi étiez très bons amis avant que la famille Cérès déménage. Surtout leur fils aîné avec qui tu as le plus sympathisé. Néanmoins, à cause de votre importante différence d’âge, vous avez perdu contact au fur et à mesure des années. Vous n'y pouviez rien si la distance vous a séparés. Au fait, comment s'est passée ta première journée de cours?
    - Bien dans l'ensemble, on avance vite, répondit laconiquement Salomé en s'emparant de son sac à dos. Je monte dans ma chambre remettre au propre mes prises de notes.
    - D'accord, pense à descendre dans une demi-heure pour le dîner. 

    Sitôt enfermée à double tour dans son jardin secret jonché de vêtements en désordre, Salomé retourna ses tiroirs de fond en comble pour retrouver un disque dur externe sur lequel elle conservait sa bibliothèque de photos: prises à la volée ou glanées sur le Net, méticuleusement triées par date parmi l’arborescence désordonnée de son ordinateur. L'appareil renfermait notamment les dizaines de photos d'autrefois qu'elle avait pris soin de numériser, un jour gris où elle s'ennuyait, afin de s'assurer qu'elles résistent à l'épreuve du temps. L'ustensile était entortillé dans une masse de câbles indistincte qu'elle prit soin de démêler un par un. Elle le brancha sur son nouveau terminal avec une pointe de tristesse dans la gorge. La nostalgie des jours ensoleillés d’une enfance heureuse refit surface, une enfance volée qui s'était terminée trop tôt. Le passé rongeait de l'intérieur cette part d'elle-même qui aspirait au bonheur d'avoir une vie normale sans d'autre souci que de gravir les échelons d'une société dans laquelle il lui fallait trouver sa place. Elle n'avait pas le luxe de flancher: elle décida qu'elle allait se prendre en main au lieu de se morfondre sans arrêt sur son sort. La mélancolie était un vicieux poignard qui lui transperça le cœur en regardant la barre d'importation défiler.

    2002

    Le soleil perça à travers les nuages en fin d'après-midi quand la marée commença à descendre. L'horizon se para de rouge et d'or à l'approche de la nuit. Trois enfants, dont deux garçons et une fillette assis en tailleur à même le sable, se racontaient des histoires drôles en jouant à la bataille sous la surveillance de leurs parents réunis autour d'un pique-nique improvisé. Le mois d'août touchait déjà à sa fin. Les vacances étaient passées en un clin d'œil, si vite que la sortie des classes semblait hier.
    - Il paraît qu'on déménage en septembre. Ça veut dire qu'on s'écrira de temps à autre mais on ne pourra plus se voir, avoua Julien après un moment d'hésitation.
    - Mais on restera amis même si on est plus voisins? Tu vas me manquer Ju', protesta Salomé.
    - Ouais on monte à la capitale parce qu'il y a des opportunités de travail supplémentaires là-bas comme disent les grandes personnes, son frère cadet acquiesça.
    Du haut de ses six ans et demi Salomé trouva que les frères Cérès étaient bien chanceux d''avoir une vie pleine de rebondissements. Cela la rendait triste de réaliser qu'ils se voyaient sûrement pour la dernière fois. " Pleure pas, hein Méli-Mélo? C'est pas la fin du monde, on se reverra ..." Julien prononça pour la réconforter mais cela ne fit qu'aggraver les pleurs de Salomé qui s'essuya les yeux d'un revers de la main: " Vous allez me manquer!" Julien se rapprocha d'elle et posa une main amicale sur son épaule: " Tu vas t'en faire des amis et tu ne seras pas seule, tu n'imagines pas ce que l'avenir te réserve."
    Il extirpa de sa poche une liasse de photos sur papier glacé: " Choisis-en quelques unes, comme ça tu te souviendras de nous pour toujours!"

    2012

    Ces clichés d’un autre temps Salomé les avait conservés avec soin, rangés dans une boîte à souvenirs tapissée de collages divers. Cette boîte qu'elle avait remplie au fil des années de souvenirs de voyages, de photos et de breloques en pagaille contenait une partie de sa mémoire. Le Julien d'il y a dix ans souriait à pleines dents à la caméra comme à son habitude. Elle sourit avec tendresse en regardant un à un les clichés étalés sur sa table de travail. Elle aurait voulu le connaître davantage. Ils n'avaient pas eu le temps de nouer véritablement une amitié solide. A ses côtés elle se sentait pousser des ailes. Sa présence était rassurante comme si rien de grave ne pouvait leur arriver. Et pourtant... Le départ inopiné des Cérès l'avait bouleversée. A l'époque elle aurait été cependant bien incapable de mettre des mots sur ses sentiments à l'égard de Julien. Et était trop jeune pour y réfléchir sous cet angle. Il était quatre ans plus âgé qu'elle et pensait déjà à sa future rentrée au collège alors qu'elle jouait encore à la poupée avec sa meilleure amie Alice après l'école. Julien faisait définitivement partie de la catégorie des amis d'enfance qui vont et viennent, vite oubliés et remplacés.
    Mais quand Salomé se leva pour descendre mettre la table une drôle de boule lui entrava la gorge, au moment de mettre de l'ordre dans les reliques délavées d'une époque terminée. Le manque se fit ressentir douloureusement au plus profond d'elle-même, un manque qu'elle n'avait jamais ressenti de manière aussi brusque auparavant. Elle eut la désagréable impression de passer à côté d'une pièce maîtresse du puzzle de son adolescence, la millième pièce qui manque pour compléter le jeu quand la boîte est vide, à l'image de sa vie en morceaux.
    " Les choses n’arrivent jamais seules sans avoir été tôt ou tard provoquées volontairement, ce qui veut dire que rien n’est perdu. Un jour probablement, vous vous retrouverez j’en suis sûre. Quand ce jour arrivera, si jamais il arrive saisis ta chance lorsqu’elle se présentera à toi sans hésiter." Les mots de Mamie Géraldine lui revinrent à l'esprit. Elle pensa que sa grand-mère parlait avec sagesse. Son intuition trompait rarement la vieille dame qui avait vu sa petite-fille se transformer en l'espace d'un an. Enjouée et débordante de joie de vivre elle devint une fillette taciturne et renfermée sur elle même qui se confiait rarement à autrui, sinon à son journal intime. Le silence des mots la réconfortait. Qui l'eut connue personnellement savait qu'elle avait été une enfant joyeuse avant. Derrière son sourire de façade, elle était différente. Même le plus avisé des pédopsychiatres s’était heurté à son mutisme au grand dam de Leia et Xavier. Géraldine avait observé la course inexorable du destin se dérouler sous ses yeux ébahis depuis son rocking-chair. Comment ne pas comprendre que perdre un ami cher était une raison suffisante pour détester la vie à un âge où les premières amitiés se nouaient à l'entrée dans la cour des grands?
    La force lui manqua. Salomé réalisa avec regret qu'elle avait grandi avec cette souffrance qui avait façonné l'adolescente, insensible, réfugiée dans son monde intérieur pour échapper à la réalité. Elle devait revoir Julien d'une manière ou d'une autre.

    Elle arriva en cours le lendemain avec la ferme résolution de ne pas devenir le souffre-douleur de Corentin. Elle s'assit au premier rang sous les regards goguenards de ses camarades sans leur prêter attention et se connecta sur le Net en attendant le début de la session. Aucune trace d'un Julien Cérès ni sur Facebook, ni sur Twitter ou encore LinkedIn. Cela la découragea d'avance dans ses recherches. Décidément, si Julien était encore de ce monde, il était bien caché. Caché? Elle se demanda pourquoi il se serait employé à dissimuler son identité civile avec un tel soin. Aucune trace de lui dans la base de données de Google non plus. 'Ok, s'il veut garder l'anonymat, qu'il y reste" pesta-elle intérieurement en ouvrant un nouveau document texte.
    - T’as des vues sur quelqu'un, crevette?
    Elle releva la tête brusquement en entendant la voix de Corentin. Elle lui jeta un regard noir en abaissant l'écran de son ordinateur à demi d'un geste de protection instinctif:
    - Ça te regarde peut-être?
    - Bah écoute, ça fait une bonne dizaine de minutes que tu écumes les réseaux sociaux pour trouver le profil de je ne sais qui. Stalkeuse sur les bords, hein?
    - Je ne te permets pas de me juger, je fais ce que bon me semble!
    Corentin croisa les bras:
    - Écoute, désolé pour hier. J'ai été vache et je m'en excuse. Mais tu l'as bien cherché!
    - Pourquoi ce revirement de situation? Tu ne me portes pas dans ton cœur et moi non plus réciproquement d'ailleurs ...
    - On s'est déjà vus, et pour cause crevette, on s'est connus il y a longtemps.
    - Arrête de m'appeler crevette, persifla Salomé entre ses dents.
    Le jeune homme se fendit d'un sourire sarcastique:
    - Crevette un jour, crevette pour toujours! Trêve de disputes entre crustacés, on va devoir se supporter que tu le veuilles ou non!
    - Ah bon, pourquoi?
    - J'ai cru comprendre qu'on était voisins, à en juger par l'excitation de ma mère quand je suis rentré de chez un pote hier soir.
    Le cerveau de Salomé mit quelques secondes à assimiler cette information. La jeune fille fixa Corentin avec étonnement:
    - Ah, tu es donc cette personne.... Ta mère ne tarit point d'éloges en ton absence, haha...
    - T'es longue à la détente dis moi! M'en fiche, je voulais pas aller en fac depuis le départ quoi qu'il m'arrive.
    Salomé se redressa sur son séant en étouffant un bâillement:
    - Elle dit que tu devrais t'investir un peu plus dans tes études.
    Corentin tiqua. Il jeta un regard en coin à l'horloge. Bientôt la pause serait terminée. Il se rapprocha de Salomé pour se trouver à sa hauteur:
    - Ma mère, je m'en fiche de ce qu'elle dira. Elle pourra toujours essayer de me forcer à réussir, je ferais ce que je veux quand je le veux. Et surtout qu'elle ne me compare pas avec cet imbécile qui passe le plus clair de ses journées à jouer à l'apprenti administrateur. Tu t'occupes de tes affaires et tu ne viens pas t'immiscer dans les nôtres, capish crevette?
    Salomé eut un mouvement de recul face à l'hostilité affichée de Corentin. Elle voulut le retenir mais il s'éclipsa aussi vite qu'il était arrivé. Elle le regarda par-dessus son épaule remonter l'allée en quelques enjambées, un câble de téléphone rafistolé à la main. Un homme vêtu d'un costume-cravate entra muni d'un ordinateur hors d'âge. Elle mit ses pensées en sourdine et ralluma le sien. Le cours allait commencer.


  • Commentaires

    1
    Samedi 12 Mars 2016 à 15:13

    Rah, je l'savais que c'était le fils des voisins! *sort*

    Autrement, je peux pas commenter chapitre par chapitre parce que là, je ne sais juste pas quoi dire, pour moi, l'évolution n'est pas assez marquée à part sur la décision que prend Salomé de retrouver Julien -comme si pour elle se faire de nouveaux amis était une chose si inconcevable qu'elle se tourne systématiquement vers les anciens. Comme si elle essayait de construire le futur avec les éléments de son passé...

    /du coup je voulais juste dire que j'ai lu et chercher quelque chose d'autre à dire ._. c'est peu probant comme résultat. M'enfin, j'apprécie ce chapitre au même titre que les précédents :)/

    2
    Samedi 12 Mars 2016 à 15:23

    Ta théorie était exacte ^^

    Justement c'est pour régler ses compte avec le passé que Salomé doit le retrouver. Une façon pour elle de tourner enfin la page et de ne pas rester dans le souvenir d'un passé qui la hante. Heureusement ou malheureusement pour elle il pourrait aussi bien être plus proche qu'elle ne le soupçonne mais chut, la suite au prochain chapitre ;)

    N'hésite pas à me faire part de tes théories sur l'histoire, c'est intéressant de discuter et de débattre sur l'évolution des personnages au fil de l'intrigue, merci encore pour ton soutien! :) 

    3
    Samedi 12 Mars 2016 à 15:32

    *musique de Zelda* tatatataaaaaa!

    Du coup, à voir audit prochain chapitre .-. beaucoup trop d'attente de prochain chapitre dans mon commentaire.

    J'hésiterai pas si j'en ai une ^^
    De rien! :)

    4
    Dimanche 13 Mars 2016 à 18:34

    Salomé n'a pas fini d'entendre parler de lui! ^^

    Des indices se cachent dans le texte et je ne peux rien te dire de plus sans révéler cette partie de l'intrigue qui tourne autour de l'identité de Julien et de son passé commun avec Salomé. :)

    La suite au prochain épisode! ;)

    5
    Dimanche 13 Mars 2016 à 19:16

    J'ai limite envie de dire "la pauvre" le mec il l'agresse tellement ._.

    Qui arrive après la pub! *une page de pub s'ouvre et regarde le lecteur d'un air beaucoup trop mignon* eh t'es une page de pub! T'es pas du tout censée être mignonne!!

    6
    Dimanche 13 Mars 2016 à 21:55

    Le fait que Salomé soit nouvelle et pas très intégrée lui fait courir le risque de devenir le souffre-douleur de Corentin: à mesure qu'elle gagnera en caractère et en maturité elle saura se défendre :)
    Une agressivité que Corentin a du mal à contenir et ce en raison de beaucoup de facteurs de tension venant autant de l'université que de son entourage familial.

    Hehe, en espérant qu'elle ne dure pas trop longtemps! ;)

    7
    Dimanche 13 Mars 2016 à 22:51

    L'agressivité de Corentin est justifiable mais pas excusable: c'est complètement gratuit, elle lui a rien fait, il sait même pas qui elle est... ça me fait limite de la peine que des gens comme ça existent :/

    Ouaip. ^^

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    8
    Dimanche 13 Mars 2016 à 23:07

    Elle n'est pas excusable pour autant. C'est un ensemble de raisons qu'il me reste à développer qui le rendent agressif et qui rendent son personnage antipathique. Mais contrairement à Honey son caractère pourrait évoluer, dans un sens comme dans l'autre tant qu'il ne surmontera pas la jalousie intense qui l'anime envers une certaine personne.

    9
    Dimanche 13 Mars 2016 à 23:35

    Effectivement... Ma théorie est qu'il est jaloux de frère aîné à qui on l'a toujours comparé et par rapport à qui il  été rabaissé. Enfin, je saurai ça dans les prochains chapitres :)

    10
    Lundi 14 Mars 2016 à 14:47

    Une chose est sûre, ses parents exerçent sur lui une pression de réussite assez forte suite à son redoublement en lui reprochant de ne pas être suffisamment investi dans ses études :)

    11
    Mercredi 23 Mars 2016 à 12:42

    C'est quand même pas la chose à faire à mon sens...

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